lundi 17 octobre 2011

Paulette s'informe

La prise d'otage et sa fin heureuse : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/10/17/01016-20111017ARTFIG00472-prise-d-otages-dans-une-agence-pole-emploi-a-paris.php






 Monsieur Pôle Emploi est sain et sauf 



Paulette fait sa liste

Aujourd'hui est un grand jour pour moi, Paulette. Matricule 3207113T. Nous sommes lundi et le lundi, c'est le jour des courses. Des commissions. Des emplettes. Du rechargement de placards. De frigidaire. Avant, je n'avais pas trop le temps de faire les courses. Ni l'envie d'ailleurs. Comment perdre encore plus de temps qu'en faisant des courses ? En faisant des commissions. Des emplettes. Sauf que pour les mêmes raisons concernant le classement des piles de documents administratifs de 2008, j'ai le temps de faire les courses maintenant. Je suis au chômage. J'ai le temps. Je pourrais presque dire que je n'ai que ça à faire. Egayer ma journée en remplissant mon caddie d'articles plus ou moins farfelus. Je n'ai aucun prétexte pour refuser ce que j'appelle la CDL : la Corvée Du Lundi.

Donc, je m'y mets. Je prépare ma liste. J'ai le temps. Je peux me permettre le luxe de m'asseoir pour ça. De passer en revue dans ma tête tous les rayons de mon magasin préféré. Leclerc. Afin de créer ainsi LA liste. LA liste avec les articles dans l'ordre et correspondance de chaque rayon. Un simple gain de temps en fait. Plus vite je remplis mon caddie de choses farfelues, plus vite le sors de chez Leclerc. Plus vite je sors, plus  j'aurais de temps pour cuisiner tout ce que j'aurais acheté. Parce que je cuisine maintenant. J'ai le droit. Et le temps. je n'ai pas l'argent. Je suis au chômage. Non rémunérée pour l'instant. Mlle Angelina Gomez est en plein traitement de mon dossier. A moi le demi-tarif du bus. A moi les musées parisiens gratuits. Parce qu'une chômeuse comme moi a le droit de se cultiver. De s'instruire. J'attend donc avec impatience la confirmation du montant de mes futures allocations chômage. Enfin, l'Allocation d'Aide au Retour à l'Emploi. Parce que je compte bien y faire mon retour chez Monsieur Emploi. Mlle Angelina Gomez va s'occuper de mon cas. En m'obtenant un rendez-vous à la première heure, dès lundi prochain avec Monsieur Pôle Emploi.

En attendant, il est 11:20 et je suis toujours en train de faire LA liste. Papier wc. Ok. Compote de pomme. Ok. Foie gras. Non. Je suis au chômage. Il ne faudrait pas faire dans la provocation non plus. Des gens pourraient m'en vouloir. Penser que je roule sur l'or. Cumulant des tas d'aides de l'état. Allocations familiales. Allocations chômage. Aides du C.C.A.S.. En attendant, ce n'est pas le cas. Je paye le bus plein tarif. Je ne vais pas au musée. Je fais mes courses chez Leclerc. Je ne mange pas de foie gras mais des rillettes. Ou du pâté. Pire ! Du corned-beef. Spaghettis. Ok. Beurre. Ok. Langoustes. - lire précédemment -. 

Il est 11:30. Je suis toujours attablée. Le stylo Bic 4 couleurs à la main. Rouge pour l'alimentaire. " Un forcené a pris en otage 2 employés d'une agence Pôle Emploi, nous apprend-on à l'instant ". Bleu pour les produits ménagers. " L'homme serait muni d'une arme à feu et menacerait de passer à l'acte, nous rapporte notre envoyé spécial présent sur les lieux ". Vert pour les animaux. " L'homme, âgé de 45 ans, informaticien de formation, remettrait en cause tout le système social français ". Noir pour les choses diverses. 

OH MON DIEU !!!! Monsieur Pôle Emploi a été pris en otage !!!! OH MON DIEU !!!! Je suis tremblante. Je ne peux plus continuer LA liste pour la CDL. Ma main ne peut plus écrire. Tant pis. Je commanderais au Leclerc Drive. 



 PITIE NE TUEZ PAS MONSIEUR PÔLE EMPLOI 

( au pire, gardez Mlle Angelina Gomez )

vendredi 14 octobre 2011

Paulette aimait bien Coluche

Paulette rencontre un ange

Je me rends à l'évidence : Mlle Angelina Gomez ne cèdera pas. Elle ne lâchera pas l'affaire comme ça. J'ai eu beau insister. Elle refuse d'aller chercher Monsieur Pôle Emploi. Elle ne veut même pas me dire où se trouve son bureau. Sachant qu'ainsi, j'aurais pu y aller seule. Comme une grande. Telle Céline. Dion. Mais moi, c'est juste Paulette. Paulette Emploi. Matricule 3207113T.

Aujourd'hui, ma journée va être bien remplie. Je suis malgré tout contente. C'est pas tout le monde qui fait, un 15, à 09:00, un Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi. Enfin si. A peu près 4 millions de demandeurs d'emploi. Du moins, si les chiffres sont les bons. Il n'empêche qu'aujourd'hui, c'est mon tour. Aujourd'hui, par le biais de la sous-fifre de Monsieur Pôle Emploi, je vais entrer dans l'histoire du chômage. Merci Mlle Angelina Gomez.

Mlle Angelina Gomez qui veut d'ailleurs connaitre ma formation. Ma formation. Formation ? Forméchionne - c'est en anglais - ? Je suis assez bien formée. Il faut le dire. Depuis mes 12 ans. je suis donc flattée que Mlle Angelina Gomez s'en soit aperçue. Ca me touche. Vraiment. J'en oublie que Monsieur Accueil a ignoré la belle photo de ma CNI. J'ai d'ailleurs eu très tôt une culotte de cheval, c'est dire.
Mais Mlle Angelina Gomez n'a pas l'air convaincue. Ou alors, ça ne l'intéresse pas. Elle veut connaitre ma formation scolaire et professionnelle. Ah.
C'est que ma bonne dame, formée comme je l'étais moi, j'ai quitté l'école bien assez tôt voyez-vous. J'ai même quitté la maison familiale. A 17 ans. Alors bon. La formation... Vous pouvez rayer la mention inutile. 
Mlle Angelina Gomez a rayé. Dédaigneusement. Sans un regard. La mention inutile.

Mlle Angelina Gomez veut alors connaitre mes connaissances et compétences acquises au cours de mes expériences professionnelles. Elle veut savoir ce que je sais faire avec mes mains. Les deux si possible. Avec leurs dix doigts. Enfin j'imagine. Il aurait été plus simple de me le demander directement. Ca commence à moins me plaire ici. Où est Monsieur Pôle Emploi ? Il faut absolument lui dire que ses employés se fichent de lui. Au rez-de-chaussée. Pendant qu'il ne voit rien. De son bureau. A l'étage. Juste au-dessus de la file d'attente qui mène au téléphone en libre accès. Il faut l'avertir que ses employés sont tordus. Qu'ils prennent des chemins tortueux pour demander quelque chose. C'est vicieux. Je n'y suis pour rien moi si Mlle Angelina Gomez travaille au rez-de-chaussée et non à l'étage. Chez les gens importants. Il n'est donc pas nécessaire de se venger sur moi. Je lui tend mon CV. Ca la calmera. 

Rien que la partie "Evènementiel et Animation", entre 2002 et 2003, ça va l'épater. Mlle Angelina Gomez. Prospection clientèle téléphonique et démarchage. Moi aussi, je sais employer des termes techniques. Organisation de planning sur une saison. Petite comptabilité. Et oui. Polyvalente la Paulette. Mise en place et logistique de sonorisation. Réglages sons. Et le meilleur pour la fin. Interprétation musicale et animation. 

"Intermittente du spectacle donc ?". Oui. Enfin non. Quelle est la question exactement ? Parce que si vous allez par là, intermittent du spectacle, c'est déclaré ? Mlle Angelina Gomez est réellement déplaisante. Sans compter qu'elle veut tout savoir de ma vie maintenant. Ma vie personnelle. Avec mon mari. Avec mon fils. Alors autant être claire, sauf à mes 139 amis sur Facebook, je ne raconte pas ma vie privée Mlle Angelina Gomez. Ce que mon mari et moi faisons lorsque notre fils dort ne vous regarde pas. 
Elle ne veut pas savoir. Elle veut juste savoir si j'ai le permis par exemple. Si j'ai des obligations familiales. Ah. Non. Enfin si. Je ne conduis pas et je m'occupe de mon fils. Parfois. Sinon, c'est sa nounou qui gère. Moi, je dois occuper mon temps libre. Maintenant que j'y ai droit. Je suis au chômage. J'ai l'autorisation. 

Mlle Angelina Gomez veut aussi connaitre mon état de santé. De mieux en mieux. Brandir son certificat d'inaptitude. En "dire un peu plus, dites-moi tout". Apprendre qu'effectivement, dans ma situation, il faut être prudente. Mlle Angelina Gomez raye alors des tas de mentions inutiles. Trop petites pour que je puisse les lire. Puis un regard. Compatissant. Puis une révélation. Une vérité insoutenable. Mlle Angelina Gomez l'affirme et je ne peux que lui donner raison : " il faut que vous préserviez votre dos pour quand vous aurez fini de grandir". A 36 ans. 



Mlle Angelina Gomez est un ange

Paulette va à son entretien

Je pousse la grosse porte estampillée "Pôle Emploi". Ils ont oublié "Monsieur". C'es indélicat de leur part. On ne traite pas avec autant de mépris celui qui fournit emplois, formations, stages et activités de tout genre. Et ce à 4 millions de chômeurs. Ou moins. Ou plus. On ne sait pas exactement.

Le second frère de Monsieur Pôle Emploi est toujours là. A l'accueil. Il ne me dit pas bonjour. Il n'est pas là pour ça. Je comprends. C'est dur de se sentir tout petit quand a un frère qui a une porte estampillée à son nom. Alors que soi-même, on a juste une pancarte en papier cartonné glacé avec inscrit dessus "Accueil". Je peux donc comprendre. Je ne lui en veux pas. Je lui tends même ma convocation, ma CNI - neuve, refaite il y a 1 mois, avec une photo retouchée discrètement. Pour masquer mon sourire. Il est interdit de rire sur sa CNI. On n'est pas là pour ça. On est là pour décliner son identité. Pas pour se marrer -. Monsieur Accueil ne remarque même pas que ma CNI est neuve et que la photo est parfaite. Je suis vexée. Je me suis levée à l'aube quand même. Il pourrait faire un effort. Au lieu de me dire froidement "patientez sur les sièges dans le couloir B4, on vous appellera". 

Mon petit coeur bat la chamade. Je suis dans un tel état que j'en oublie de me connecter sur Facebook pour dire au monde entier "JE SUIS CHEZ MONSIEUR PÔLE EMPLOI". Pourtant, je pense à tout d'habitude. Je ne manque à aucun de mes engagements envers mes 139 amis. C'est important qu'ils sachent lorsque je pèle un concombre. Lorsque je me rends chez ma podologue. Lorsque mon chat a changé de croquettes. Alors être reçue par Monsieur Pôle Emploi ! Je me dois "Bonjour, suivez-moi svp, bureau à droite" de le leur dire. Mais je ne peux plus là. Présentement. Une jeune dame - bien plus jeune que moi - me presse de la suivre dans son bureau. A droite. Où est Monsieur Pôle Emploi ? C'est sa secrétaire ? Son bras droit - il en aurait bien besoin le pauvre - ? Sa stagiaire peut-être ?


" Je me présente : Mlle Angelina Gomez. Je suis et serais pour la durée de votre inscription en tant que demandeuse d'emploi votre conseillère dans la perspective d'une projet personnalisé de retour à l'emploi ". Ah.

Moi, je suis Paulette Emploi, matricule 3207113T, 36 ans, un mari, un enfant, inapte, plein tarif mais j'ai la voix de Céline Dion. Et paf. 


Parce que là, c'est trop. Beaucoup trop. On me lève à l'aube. Sachant que je ne sais toujours pas pourquoi les girafes sont muettes. Je ne suis donc pas forcément de très bonne humeur. D'autant plus que personne n'a remarqué ma nouvelle photo sur ma CNI toute neuve. Que j'ai mis ma culotte à l'envers car je sens l'étiquette me gratter le nombril - je mets des grandes culottes maintenant car j'ai grossi -. Tout ça pour être présentée à Mlle Angelina Gomez, conseillère. Où est Monsieur Pôle Emploi ??



PÔLE EMPLOI

Paulette se lève tôt

Nous sommes le 15. C'est le jour de mon rendez-vous. Mon entretien. Mon Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi. Avec lui. Avec Monsieur Pôle Emploi. Je me suis couchée tôt hier soir, pour être en grande forme ce matin. Je me suis endormie comme un bébé. A 02:41 du matin. A cause d'une recherche sur Google qui n'en finissait plus : pourquoi les girafes sont muettes ? Je suis tombée sur Doctissimo. J'ai appris ainsi qu'on tentait de "refaire" des dinosaures. Que 30% des hommes ne se lavaient pas les oreilles dans la Loire Atlantique. Que les frites, c'est gras. Que la girafe est facilement réalisable en pâte à modeler mais que ça pue. 
Je sais également qu'il y a beaucoup de gens au chômage en France. En témoigne la réponse que j'ai eu lorsque j'ai voulu effectuer une recherche avec le mot "chômage" : Request-URL Too Large. La longueur de l'URL demandée dépasse la limite de la capacité de ce serveur.

Je ne sais toujours pas pourquoi les girafes sont muettes.

Deux facteurs rentrent en compte pour occuper son temps libre lorsqu'on est chômeuse. Parce que j'ai du temps libre. Pour faire ce que je veux. Il est libre mon temps. Facteur un : je ne conduis pas. Facteur deux : en Ile de France, il est plus rapide de faire 20 km en transports en commun que 3 km. Monsieur Pôle Emploi est à 3 km de chez moi. Ce qui équivaut à 7 min en voiture. 26 min à pieds. Donc 40 min en transports. Sauf selon le site rapt.fr qui dit "9 min". Mais c'est faux. Parce que 9 min, c'est à titre indicatif. Le tram et le bus ne se correspondent jamais. Ce sera donc 40 min. Je dois donc me lever à l'aube. A l'heure où les gens vont travailler. Dans leur bureau. Sur leur chantier. Dans leur école. Dans leur usine. Pas comme moi. Moi, je suis au chômage. Je suis inapte. Je prends le bus en plein tarif pourtant. Mais c'est bientôt fini ça. Parce que j'y vais là. Je pars. Dans le froid. J'atteins le tramway. Il est plein. Plein de gens qui vont travailler à l'aube. Quand j'y pense. Quelle chance j'ai moi. Je vais Le rencontrer. Plus que 37 min de transports. Et il sera devant moi. Assis derrière son bureau en acajou. Peut-être même qu'il aura un iMac pour monter mon dossier. 



PÔLE EMPLOI

mercredi 12 octobre 2011

Paulette aime Bref

Paulette compte

Aujourd'hui, je vais rejoindre des amis sur Paris. C'est in. C'est très in d'aller rejoindre des amis sur Paris. En transports en commun. Tram. RER. Métro. Plein tarif. Je n'ai pas encore rencontré Monsieur Pôle Emploi. Je suis au chômage. Non rémunérée. Je tape sur mes indemnités de licenciement. Enfin, sur le nouveau découvert auquel j'ai droit. Après avoir recouvert le précédent. Le gros. Celui de quand j'étais en maladie. Maintenant, c'est un petit. Monsieur Axa ne dira rien. Il a connu tellement pire ces 10 derniers mois. 

Qu'est ce que c'est bien d'avoir le temps. Regarder le RER arriver alors que la porte du tramway n'est pas encore ouverte. Que des tas de gens se sont agglutinés sur les vitres, priant la Vierge Marie que les portes s'ouvrent. Espoir. Espoir de courir assez vite. Traverser le pont. Changer de quai. Mais moi, ça ne me concerne pas. Je suis au chômage. J'ai le droit de ne pas être concernée. Je prendrais le prochain. De RER. Il sera moins plein d'ailleurs. Qu'est ce que c'est bien d'avoir le temps.

J'ai mangé au restaurant à midi. Avec mes amis. In. Bon, par restaurant, j'entends brasserie avec menu. Le vrai restaurant, je ne peux pas. Je suis pauvre. Je suis au chômage. Je ne dis pas à mon mari que j'ai été prise récemment d'une fièvre acheteuse. Que j'ai acheté toutes les robes d'une marque aimée. Toutes les robes dans lesquelles je rentrais. Pas celles qui ne me grossissaient pas mais que je grossissais moi-même. Comme l'a dit le mari d'une amie à cette dernière concernant une robe qu'elle s'était achetée. Je la lui ai racheté. Nous avons fait un trafic de robe. Personne n'a rien su. Personne n'a rien vu. C'est ça d'être au chômage. On est discret. On se fond dans la masse. Dans les chiffres. Les variations sont telles qu'une chômeuse de plus ou une de moins, ça ne changera rien. 

D'ailleurs, comme j'ai du temps à moi maintenant, je fais des recherches sur Internet. Je cherche des choses que je n'avais pas le temps de chercher avant. Photos de girafes qui font la course. Comment fabriquer un bateau-mouche avec de la pâte à modeler. En quoi est faite la pâte à modeler ? Pourquoi la pâte à modeler, ça pue ? Est-ce que les girafes courent aussi vite que les moustiques volent ? Quels sont les chiffres du chômage ?


Quels sont les chiffres du chômage. Je m'y perds. J'ai pensé à demander à Monsieur Pôle Emploi lorsque nous serons intimes. Il est important que je sache. J'ai besoin d'un sujet de conversation lors de mon prochain repas in avec mes amis. Sur Paris. Sauf que je m'embrouille. Avec les chiffres.



http://www.gecodia.fr/Nombre-de-chomeurs-en-France-en-fevrier-2011-baisse-du-chomage-et-reprise-des-offres-d-emploi_a1789.html qui vous dit qu'il y avait en février 2011, très exactement 4,040 millions de chômeurs en France métropolitaine.


http://www.chomiste-land.com/chiffrechomage.htm qui vous dit - et là, c'est magique - qu'en août 2011, il n'y a plus que 2 754 500 chômeurs en France métropolitaine.
Sauf qu'en fait, ce sont les chômeurs de la catégorie A. Après, il y a la B et la C. 1 393 700 pour ces deux-là. En additionnant les deux, on tombe sur 4 148 200 chômeurs.

http://www.pole-emploi.org/communication/ch-meurs-indemnis-s-au-31-ao-t-2011-@/communication/coarticle.jspz?id=8176 sauf que là, ils disent 2 508 300 chômeurs. Mais Ô précision ici : chômeurs indemnisés.


Je suis dans quoi moi ? Dans la A ? La B ? La C ? Dans la catégorie des gens qui payent plein tarif le tramway pour aller à Paris. Manger avec des amis. In. Un menu à 11€. J'en saurais plus avec lui. Le futur deuxième homme de ma vie. Celui qui fait que mes journées sont ensoleillées. Que j'ai du temps libre. Que je peux faire la grasse matinée. Que j'ai pu trier mes papiers. Aller à Paris. C'est lui. Mon gourou.


PÔLE EMPLOI

Paulette lit son courrier

J'éteins Tout le monde veut prendre sa place, balance Vitrine Magique dans la poubelle. Je n'ai pas de voiture pour aller chercher l'écran LCD. C'est mon mari qui s'en sert pour aller travailler. Il n'est pas au chômage. J'en fais cadeau à un démuni. De l'écran LCD bien sur. 
Je suis fébrile d'impatience. Ouvrir l'enveloppe. L'enveloppe marron. Contenant un courrier écrit à l'encre bleu, d'un porte-plume ancien des années 30. Il m'a enfin répondu, de son bureau, au-dessus de la file d'attente du téléphone en accès libre.


Monsieur Pôle Emploi
Monsieur Pôle Emploi est clair. C'est imprimé noir sur blanc à l'encre de l'imprimante. Je suis convoquée le 15 à 09:00 afin de définir mon Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi ( P.P.A.E. ). Il l'a dit sans fioritures. Sans même prendre de gant quant à l'heure matinale. Je vais devoir me lever aux aurores. Croiser des gens qui partent travailler. Dans mon bus plein tarif. Plein aussi. De ces gens qui vont travailler. C'est ce jour-là aussi que je dois apporter mes documents originaux, CNI, l'attestation employeur, le RIB, la carte vitale.
Mais je suis très excitée. Monsieur Pôle Emploi va me proposer un tas d'orientations différentes, je ne vais plus savoir où donner de la tête entre les formations, les stages rémunérés, les accès au fichier ultra secret des offres d'emploi. Pas si secret. Je vois écrit en bas du courrier " Pensez à vous inscrire sur notre Espace Candidat afin de créer votre profil de recherche d'emploi et ainsi accéder à toutes nos offres dans votre domaine ".

Mon domaine ? Mon domaine de quand j'étais chanteuse non-déclarée à 250€ la soirée ? Ou mon domaine de vendeuse dans lequel je suis inapte "pas de port de charges lourdes, station debout pénible" ? Quel est mon domaine d'ailleurs ? Je ne suis pas inquiète. Monsieur pôle Emploi répondra à toutes mes interrogations les plus secrètes et saura apporter une solution efficace à chacune d'entre elles. Je suis contente. Je souris. Mes pommettes rosissent. Je vais serrer sa main. Le 15. Peut-être même lui faire la bise. Je vais prendre le bus en plein tarif. Le 15. A 09:00.

Monsieur Pôle Emploi

mardi 11 octobre 2011

Paulette s'occupe

Liberté. Libertad. Liri. Freedom. Wolnosc.


Aujourd'hui, je suis libre. Je vais pouvoir faire la grasse matinée. Je peux. Je suis au chômage. J'ai le droit. 
Je me lève à 08:30. J'ai un enfant. Je suis mère. On est mercredi. Il n'y a pas école. Je me vengerais bientôt. Je l'inscrirais au tennis. Il sera obligé de se lever encore plus tôt le mercredi. Et toc.
Je mets mon enfant chez sa nounou. Parce que je ne croule pas sous les cotisations patronales moi. Du moins, pas autant que les gros patrons. Je peux bien profiter de la liberté en m'offrant un jour de garde d'enfant.

Aujourd'hui, je vais trier les papiers. Tous. Même la pile de 2008 qui attend. Car le revers de la médaille est là. Je n'ai plus aucun prétexte pour éviter cette corvée. J'ai du temps libre à foison. Je trie donc les papiers et je trouve que c'est quand même bien d'avoir du temps à soi, devant soi. Quand on est chômeuse, on dispose du double de temps par rapport à avant. C'est beau. On a plein de projets, d'idées de choses à faire. On est juste fauché. 

Je range ma penderie aussi. Je retrouve des choses dont j'avais oublié l'existence. Choses inutiles car je ne rentre plus dedans. Mais c'est pas grave . J'ai tellement de liberté et de temps pour moi maintenant, ne plus rentrer dans des robes de soirée est complètement dérisoire à côté de ça.

Comme il est midi, je vais aller chercher le courrier. Je n'y vais plus qu'à midi maintenant, avant, c'est impossible. Sur France2, il y a Motus à 11:00 et Les Z'Amours à 11:30. Après ça, j'ai l'équivalent de 5 minutes de publicité pour aller vérifier la boite aux lettres. Car ça recommence après avec Tout le monde veut prendre sa place. Je regarde ces émissions. J'ai le droit et l'excuse : je suis au chômage. Et inapte aussi. J'ai le droit de m'abêtir devant des émissions jusqu'alors ignorées.


Mon coeur bat toujours très fort lorsque j'insère la clé dans la serrure de ma boite aux lettres. Une émotion contenue, agréable, des dizaines d'idées qui fourmillent dans ma tête. Un notaire qui m'écrit pour m'annoncer que Tante Pétronille est décédée à 108 ans et me lègue toute sa fortune. Je n'ai pas de tante Pétronille, c'est impossible. Une lettre cachetée à la cire, écrite de la main d'un inconnu, fou de moi qui veut m'enlever, là, maintenant, pour faire de moi sa riche épouse en Polynésie. Mon mari ne serait pas très heureux et mon fils serait de mauvaise humeur. Le secret enfin révélé d'un laboratoire qui me propose, à moi, de tester son nouveau sirop amincissant et qui promet une perte fulgurante de 25 kilos en 2 semaines. Inutile. J'ai besoin d'en perdre 40.

Mais rien de tout ça. Non. Un courrier spécialement adressé à moi personnellement de chez Vitrine Magique, me sommant de venir immédiatement retirer l'écran LCD qui a été mis de côté depuis des mois dans l'attente que je me déplace. Je ne pouvais pas y aller plus tôt, j'étais soit au travail, soit en maladie. Maintenant, je peux, je suis au chômage. J'ai le temps. Mais j'ai déjà une télé avec un gros tube cathodique. Ce serait dommage de la jeter. Puis on me l'a donné. C'est donc un cadeau.
Un facture EDF. Le calendrier des jours de sortie des poubelles. Distribué toutes les 3 semaines car il y a toujours quelqu'un qui se trompe et inverse ses recyclables avec ses ordures ménagères. 

Mon coeur cesse de battre, mes idées me paraissent idiotes. C'est comme ça chaque matin. Enfin, chaque midi. Sauf que là. Je la vois soudain. Elle s'était cachée. Une grosse enveloppe marron - mais ils ont tous des actions chez les fabricants d'enveloppe marrons ? - avec écrit dessus, du moins imprimé



***** Musique poignante - Roulements de tambours - notes graves de piano à queue *****



Ceci est un courrier de la part de PÔLE EMPLOI

Paulette souffre

Ma main est crispée. Mon regard figé. Mes pensées s'égarent. Quelle voix a-t-il ? Que va-t-il me demander ? J'ai tout sur moi. Des photocopies. Des originaux. Je suis rodée. 10 mois d'arrêt maladie. Je connais les procédures. "Allo bonjour". On ne va pas me la faire. Certainement pas Monsieur Pôle Emploi. "Allo bonjour". Il ne me manque rien. Mon inscription pourra être validée immédiatement. J'ai même pensé à prendre un CV. "ALLO BONJOUR". 

Oh mon Dieu. 

Il est là. Dans le téléphone. Enfin, dans son bureau. Certainement à l'étage. Il m'attend. Mais il préfère qu'on apprenne à se connaitre d'abord. Et moi je l'ignore. Perdue dans mes pensées. Pardon Monsieur Pôle Emploi. Pardon.


Monsieur Pôle Emploi doit avoir bon coeur. Il a fait embaucher son frère à l'accueil téléphonique. Ah j'en suis sure. C'est son frère. Même voix monocorde. Impatient. Il me demande des informations que je trouve bien indiscrètes. Ma date de naissance. Si j'ai déjà été inscrite au Pôle Emploi. Si j'ai bien le formulaire xw587, autrement appelé "attestation Pôle Emploi de l'employeur". Mon adresse. Et m'annonce que je recevrais sous 3 jours mon dossier à remplir et ma convocation avec un conseiller Pôle Emploi. "Au rovoir Modome". 

Mais j'ai déjà tout sur moi. J'ai tout prévu. Surtout le RIB. J'ai même prévu de faire le trajet du retour en 1/2 tarif.  


Je rentre donc chez moi, frustrée, en plein tarif. avec mes documents originaux et photocopiés sous le bras. J'ai tout de même occupé une demi-journée de ma vie de chômeuse. Je me sens active. J'en courrais presque. Mais je ne peux pas "inaptitude station debout pénible etc.".
Par contre, j'ai le coeur brisé et je souffre. 


***** pas de musique - pas de roulement de tambour - pas de piano à queue *****



Pôle Emploi n'est pas l'homme que je croyais

Paulette fait une rencontre

Aujourd'hui, c'est un grand jour, avec un grand J. Je vais le rencontrer. Lui. Le vrai. Celui dont on voit les chiffres en long, en large et en travers à la télévision. Il est là, devant moi :

Monsieur Pôle Emploi


C'est bizarre. Je l'aurais imaginé plus grand, plus fort, plus musclé. Nourri à coups d'inscription de tout ces chômeurs, donc je fais partie. Sauf que non. Ce n'est pas du tout ça. Il est tout petit, il est chauve et il a un bouton de fièvre au-dessus de la lèvre. Et il me dit : "Merci d'effectuer votre inscription sur Internet en tapant www.pole-emploi.fr ou par téléphone au 39 49. Vous avez un téléphone en libre accès dans la salle au fond à gauche. Personne suivante".

Alors ça. Jamais je n'aurais imaginé que Pôle Emploi soit si impoli. Alors déjà, j'ai pris le tram ET le bus en plein tarif pour venir. J'ai perdu du temps que j'aurais pu passer à dormir dans mon lit. Parce que j'ai le droit maintenant. Je suis chômeuse. Je peux dormir si je veux. Alors j'exige qu'on valide mon inscription immédiatement. J'ai bien compris que ce personnage n'est pas Monsieur Pôle Emploi. Je n'en resterais pas là !

J'ai fini par faire la queue comme tout le monde dans la file d'attente du téléphone en libre accès. 



C'était long. Je me demande d'ailleurs si les gens qui recensent les demandeurs d'emploi ne se sont pas trompés dans les chiffres. Rien qu'ici, on est 95. Il y aurait à peu près 850 agences en France métropolitaine. 850 x 95 = 80 750. Et ça, c'est juste le nombre de gens qui font la queue dans une file d'attente amenant au téléphone en libre accès. 


J'ai enfin réussi. J'ai atteint le téléphone en libre accès. J'aurais pu faire ça chez moi. Sur Internet. Sur mon iMac dernier modèle - je n'ai pas toujours été au chômage -. Mais j'ai trouvé que ça faisait prétentieux. Et puis je n'ai pas payé plein tarif le tram et le bus pour rien. Je n'ai pas abandonné mon lit pour du vent. Je ferais mon inscription ici. Chez Pôle Emploi. Dorénavant, ce monsieur fera partie de ma vie, il la guidera, m'offrira des tas d'opportunités professionnelles. Me fournira pitance et gite. Ils l'ont dit les gens de la télévision aux informations de la 6eme chaine.

Je tape sur les petites touches collantes - 95 personnes -, le numéro 3949 s'affiche. Biiiiiiiip. Biiiiiiiiip. Ma main tremble sur le combiné. Je suis si près du but. Bientôt je vais entendre sa voix. Lui qui va nourrir mes espoirs secrets :


***** Musique poignante - Roulements de tambours - notes graves de piano à queue *****


        PÔLE EMPLOI




Qui se cache derrière Pôle Emploi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pôle_emploi

Petite histoire de l'Agence Nationale Pour l'Emploi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Agence_nationale_pour_l%27emploi

Paulette se prépare

Un jour, j'ai tout reçu. Dans une grosse enveloppe marron très sérieuse. Des tas de documents qui m'ont fait me sentir très importante. Certificat de travail, fiches de salaire sur 10 mois, soldes de tout compte - qui renflouera le trou de mon compte bancaire mais pas celui de la Sécurité Sociale - et vital, important, incontournable :

 l'attestation Pôle Emploi de l'employeur


Comme je suis très organisée et que j'ai maintenant plein de temps libre devant moi - puis je peux marcher, ma jambe étant de nouveau valide -, je prépare tout mon petit bazar afin de valider mon inscription auprès de Pôle Emploi. Je sais qu'il me faudra :

- L'attestation Pôle Emploi de l'employeur
- Une photocopie de ma carte vitale
- Un RIB
- Ma CNI


Je passe 1/2 journée à réunir le tout. J'ai le temps, je suis au chômage. Je profite. Pas de chef. Personne. Je suis ma propre patronne. Qu'est ce que c'est bien d'avoir du temps libre. Trainer devant un, puis deux, puis trois cafés. Choisir ses vêtements pour aller chez Pôle Emploi. Pas trop chic, il ne faudrait pas passer pour une riche snob. Je suis au chômage. Je suis pauvre. Pas trop débraillée non plus. J'ai encore de l'orgueil et un honneur à défendre. je prends mon temps. Je suis au chômage. Bon, j'y vais.
Je prends le tramway, bientôt en demi-tarif car je suis chômeuse. J'ai le droit. Sauf que là, pas encore. 
Puis le bus. Je marche un peu. Tranquillement. J'ai le temps. Je suis au chômage.

Je le vois, là, caché derrière un arbre, enfin un pylône électrique. Il est là :



***** Musique poignante - Roulements de tambours - notes graves de piano à queue *****



PÔLE EMPLOI

lundi 10 octobre 2011

" Bonjour, je suis 3207113T "

Un jour, j'étais salariée dans une entreprise, j'avais un salaire, des congés payés, des collègues, une vie sociale.
Un jour, je me suis retrouvée au chômage. Je suis devenue le numéro 3207113T et j'ai rejoint de nouveaux collègues communément appelés "chômeurs" ou "français inactifs".
Un jour, je suis 3207113T, j'ai 36 ans, un enfant, un mari et je suis la 2 754 501eme chômeuse en France métropolitaine. Je ne suis pas la première. Je ne suis pas la dernière.



Définition de "chômage" : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chômage

Ma définition de "chômage" : période de ta vie où vous vous ennuyez tellement que vous rêveriez presque de vous inscrire dans une association de passionnés de mots fléchés (mais il faut que ce soit gratuit, vous êtes au chômage, vous êtes donc pauvre).




Un jour, j'étais vendeuse/caissière/employée libre-service/manutentionnaire/serveuse/chanteuse. Un tas d'activités toutes aussi variées les unes que les autres. Alors bien sur, certaines étaient mieux que d'autres. Comme chanteuse. Chanteuse, c'est bien. Forcément que c'est bien : vous travaillez juste le soir, au mieux le vendredi et le samedi, au pire le jeudi aussi. Et quand vous êtes chanteuse, vous entretenez un égo surdimensionné. Mais ce n'est pas de votre faute - jamais -, c'est de la faute des gens des petites villes où vous vous produisez - parce que vous vous produisez - qui ne cessent de te dire "Oh que vous chantez bien, on dirait Célineuh Dion" - on est à Marseille, c'est normal le "euh" à la fin -. Alors vous vous prenez pour Céline Dion. Sauf que Céline, elle gagne un truc avec tout ça de 000 000 000 dedans. Pendant que vous, vous gagnez 250€ la soirée. Mais vous dormez le matin, même toute la journée si vous le voulez. Vous avez le droit. Parce que vous êtes chanteuse et une chanteuse doit beaucoup dormir, tout le monde le sait.

Bon, après, il a bien fallu me rendre à l'évidence que chanteuse, c'est bien beau mais à part si vous vous prénommez Céline (Dion), niveau plan de carrière, y a mieux. Et je ne me prénomme pas Céline mais Paulette. Enfin, ça c'était avant parce qu'aujourd'hui, c'est 3207113T, Paulette n'existe plus. Enfin si. Mais maintenant, c'est Paulette Emploi.

Je disais donc, il a bien fallu retourner au vrai "taf" comme disent les parisiens - il parait -. La vie est ainsi. Puis il y a un monsieur maintenant qui dort avec la chanteuse. Des projets. Un enfant ? C'est mieux. Sinon, vous savez que vous allez entendre jusqu'à votre ménopause "Et alors, c'est pour quand ?". Autant s'y mettre, histoire de pouvoir brandir l'héritier à la prochaine remarque, même si vous n'échapperez pas au "Et le second, c'est pour quand ?".

Je suis donc redevenue vendeuse. A Paris. Enfin, en banlieue, mais c'est plus chic de dire "Paris". Surtout quand vous n'assumez pas vraiment le fait d'y être. A Paris. Dans la banlieue.
Et vous êtes super assidue dans votre boulot car vous êtes super naïve aussi. Vous nourrissez le secret espoir qu'un jour, votre patronne vous dise "Oh mais que vous trovoillez bion" - oui, on n'est plus à Marseille " - et qu'elle va vous doubler votre salaire, malgré vos carences niveau diplômes (vous n'en avez aucun) et le fait que ce soit une entreprise de 3 salariés. Mais vous êtes assidue quand même va. Parce que ce n'est pas sa faute à votre patronne si elle croule sous les charges sociales - elle vous le dit 3 fois par jour - et qu'elle ne pourra jamais vous donner un poste de Haut Responsable Qui Commande Tout Le Monde ( H.R.Q.C.T.L.M. ). Ce n'est pourtant pas faute d'en porter des cartons, d'en monter des étages en courant, d'en refréner des envies de tuer un client, comme ça, pour le plaisir, juste parce que sa tête ne te revient pas. Et vous courez. Vous portez. Et vous réfrénez. 5 ans. Sans compter qu'avant d'être chanteuse (Céline… ) et vendeuse, vous avez été aussi manutentionnaire. Un peu dodue aussi et être dodue, c'est lourd à porter. Vous avez été aussi Employée Libre Service, qui consiste en Tout Faire avec un salaire de 586€ parce que c'est du mi-temps mais que vous faites 52h00 que vous rattrape…rez peut-être ( les charges patronales ma pauvre dame ).

Vous courez. Vous portez. Vous réfrénez. Vous Tout Faites. Vous VOUS portez. 

… … …

Vous avez une hernie discale. 1 cm. Disque vertébral "amortisseur" qu'ils ont dit, broyé. Vous partez en arrêt maladie. Un mois. Deux mois. Les joies de Sécurité Sociale. Trois mois. On vous opère. Vous êtes obligée. Vous ne pouvez plus marcher sinon, c'est ennuyeux. Quatre mois. Cinq mois. Vous prenez 10 kilos. Oui, vous vous emm… donc vous mangez quelques kilos de pâtes au beurre en avalant votre Cortisone. Six mois. Vous n'avez plus un rond car la Sécurité Sociale a perdu votre dossier. 3 fois. Sept mois.

Dix mois. Vous êtes licenciée pour "inaptitude au poste - station debout prolongée à éviter au maximum, pas de port de charge lourde, piétinement à éviter". Oui, parce que vous n'avez plus votre hernie discale mais plus votre disque vertébral non plus. Car de nos jours, on ne construit pas un disque avec l'hernie qu'on a retiré. Ca n'existe pas. 
Vous avez pris 20 kilos.


Et là, Ô joie, Ô curiosité, depuis le temps que vous en entendiez parler à la télévision, ENFIN on va vous présenter : 



***** Musique poignante - Roulements de tambours - notes graves de piano à queue *****



PÔLE EMPLOI