mercredi 12 octobre 2011

Paulette compte

Aujourd'hui, je vais rejoindre des amis sur Paris. C'est in. C'est très in d'aller rejoindre des amis sur Paris. En transports en commun. Tram. RER. Métro. Plein tarif. Je n'ai pas encore rencontré Monsieur Pôle Emploi. Je suis au chômage. Non rémunérée. Je tape sur mes indemnités de licenciement. Enfin, sur le nouveau découvert auquel j'ai droit. Après avoir recouvert le précédent. Le gros. Celui de quand j'étais en maladie. Maintenant, c'est un petit. Monsieur Axa ne dira rien. Il a connu tellement pire ces 10 derniers mois. 

Qu'est ce que c'est bien d'avoir le temps. Regarder le RER arriver alors que la porte du tramway n'est pas encore ouverte. Que des tas de gens se sont agglutinés sur les vitres, priant la Vierge Marie que les portes s'ouvrent. Espoir. Espoir de courir assez vite. Traverser le pont. Changer de quai. Mais moi, ça ne me concerne pas. Je suis au chômage. J'ai le droit de ne pas être concernée. Je prendrais le prochain. De RER. Il sera moins plein d'ailleurs. Qu'est ce que c'est bien d'avoir le temps.

J'ai mangé au restaurant à midi. Avec mes amis. In. Bon, par restaurant, j'entends brasserie avec menu. Le vrai restaurant, je ne peux pas. Je suis pauvre. Je suis au chômage. Je ne dis pas à mon mari que j'ai été prise récemment d'une fièvre acheteuse. Que j'ai acheté toutes les robes d'une marque aimée. Toutes les robes dans lesquelles je rentrais. Pas celles qui ne me grossissaient pas mais que je grossissais moi-même. Comme l'a dit le mari d'une amie à cette dernière concernant une robe qu'elle s'était achetée. Je la lui ai racheté. Nous avons fait un trafic de robe. Personne n'a rien su. Personne n'a rien vu. C'est ça d'être au chômage. On est discret. On se fond dans la masse. Dans les chiffres. Les variations sont telles qu'une chômeuse de plus ou une de moins, ça ne changera rien. 

D'ailleurs, comme j'ai du temps à moi maintenant, je fais des recherches sur Internet. Je cherche des choses que je n'avais pas le temps de chercher avant. Photos de girafes qui font la course. Comment fabriquer un bateau-mouche avec de la pâte à modeler. En quoi est faite la pâte à modeler ? Pourquoi la pâte à modeler, ça pue ? Est-ce que les girafes courent aussi vite que les moustiques volent ? Quels sont les chiffres du chômage ?


Quels sont les chiffres du chômage. Je m'y perds. J'ai pensé à demander à Monsieur Pôle Emploi lorsque nous serons intimes. Il est important que je sache. J'ai besoin d'un sujet de conversation lors de mon prochain repas in avec mes amis. Sur Paris. Sauf que je m'embrouille. Avec les chiffres.



http://www.gecodia.fr/Nombre-de-chomeurs-en-France-en-fevrier-2011-baisse-du-chomage-et-reprise-des-offres-d-emploi_a1789.html qui vous dit qu'il y avait en février 2011, très exactement 4,040 millions de chômeurs en France métropolitaine.


http://www.chomiste-land.com/chiffrechomage.htm qui vous dit - et là, c'est magique - qu'en août 2011, il n'y a plus que 2 754 500 chômeurs en France métropolitaine.
Sauf qu'en fait, ce sont les chômeurs de la catégorie A. Après, il y a la B et la C. 1 393 700 pour ces deux-là. En additionnant les deux, on tombe sur 4 148 200 chômeurs.

http://www.pole-emploi.org/communication/ch-meurs-indemnis-s-au-31-ao-t-2011-@/communication/coarticle.jspz?id=8176 sauf que là, ils disent 2 508 300 chômeurs. Mais Ô précision ici : chômeurs indemnisés.


Je suis dans quoi moi ? Dans la A ? La B ? La C ? Dans la catégorie des gens qui payent plein tarif le tramway pour aller à Paris. Manger avec des amis. In. Un menu à 11€. J'en saurais plus avec lui. Le futur deuxième homme de ma vie. Celui qui fait que mes journées sont ensoleillées. Que j'ai du temps libre. Que je peux faire la grasse matinée. Que j'ai pu trier mes papiers. Aller à Paris. C'est lui. Mon gourou.


PÔLE EMPLOI

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